• La Jouissance, de Florian Zeller

    • Écrit par Florian Zeller
    • Rien d'étonnant à ce sous-titre, "Un roman européen" : Florian Zeller y analyse parallèlement la relation amoureuse de Nicolas et Pauline et celle, politique cette fois, entre les pays qui ont construit l'Union européenne, à commencer par la France et l'Allemagne. Si Nicolas, 30 ans, est un jouisseur, son enthousiasme permanent "ne serait-il pas un beau masque derrière lequel il cache sa vraie nature" ? s'interroge Pauline. A 28 ans, celle-ci se situe plutôt dans la catégorie des angoissées, travaille dans une grande entreprise de cosmétique, a déjà trois personnes sous ses ordres et semble promise à un brillant avenir. Son compagnon, en revanche, est en mal de reconnaissance : cinéphile passionné, féru de Bergman et de Godard, il rêvait de devenir réalisateur et doit se contenter de tâches subalternes sur les plateaux de tournage, tout en s'échinant à écrire un scénario. Pauline et Nicolas s'aiment, se disputent, voyagent, vont au cinéma. Perfect Day de Lou Reed est l'hymne national de leur couple. "Mais les couples, comme les pays, ne sont pas éternels." Et au bout de deux ans, Nicolas s'interroge sur son désir pour Sofia, une jeune et jolie Polonaise hédoniste, qui veut seulement "jouir et faire jouir". Justement, la jouissance n'est-elle pas devenue le maître mot d'une génération "qui est complètement passée à côté de l'Histoire : pas de victoire, pas de bourreau, pas de sang" ? Juste la chute du mur de Berlin et les attentats du 11 Septembre... D'une plume sobre, Florian Zeller brosse un portrait sans concession de cette génération qui est entrée "individuellement" dans un nouveau siècle, par la grâce des nouvelles technologies. Convoquant aussi bien André Breton, Milan Kundera, Michel Leiris ou Beethoven que Lénine, François Mitterrand et Helmut Kohl, le romancier signe là son meilleur livre.

    L'extrait

     

    L'histoire commence là où toutes les histoires devraient finir : dans un lit. Nicolas vit depuis deux ans avec Pauline, ce n'est donc pas la première fois qu'ils se retrouvent l'un en face de l'autre et qu'elle lui fait un sourire équivoque en lui prenant la main. Ce sont des gestes qu'ils connaissent par coeur, des gestes qui peuplent le territoire des choses rassurantes et familières ; Nicolas se rapproche alors d'elle et l'embrasse.

    Il a toujours pensé que le sexe était un moment métaphysique, quelques secondes pendant lesquelles tout homme peut prendre sa revanche sur la vie. Quelle revanche ? Comme tout le monde, Nicolas va mourir un jour, et ce jour approche inexorablement. Par ailleurs, à trente ans, il n'est pas parvenu à devenir celui qu'il aurait rêvé d'être (un réalisateur reconnu) ; ses chances de réussite sont de plus en plus minces, et il est souvent envahi par un sentiment de détestation et de honte. Pour tout cela, le sexe est une consolation.

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